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Le retour de Tocqueville
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4 mai 2007

WAL-MART, EPINGLEE PAR HUMAN RIGHTS WATCH POUR VIOLATION DU DROIT SYNDICAL

Un rapport dénonce, une fois de plus, les pratiques anti-syndicales qui ont cours dans les magasins du géant américain de la grande distribution.

Wal-Mart, la plus grande enseigne de distribution au monde selon le magazine Fortune, est accusée de violation "flagrante" du droit syndical dans un rapport de l'organisation Human Rights Watch, intitulé "Discounting rights: Wal-mart's Violation of US Workers' Right to Freedom of Association", publié le 1er mai 2007, date de la fête mondiale du travail.

Cette enquête vise plus largement à pointer les carences du droit du travail outre-Atlantique, pourtant protégé par les conventions internationales de l'organisation internationale du travail (OIT) dont les États-Unis sont membre.

STRATÉGIES COMPLEXES ET MULTIPLES. Les pratiques du géant américain pour entraver la liberté syndicale avaient déjà été pointées dans le film "Wal-Mart:  the high price of low cost", sorti en 2006.

Selon Human Rights Watch, Wal-mart utiliserait des stratégies "complexes et multiples": diffusion de vidéos décourageant nouveaux cadres et employés de se syndiquer, pressions diverses, menaces, licenciements, censure d' informations sur le droit du travail... Le rapport parle notamment de la mise en place d'une hotline spéciale que les responsables d'unités pouvaient utiliser pour prévenir la maison mère de Betonville (Arkansans) de la formation d'un syndicat dans leur magasin. Les appels étaient ensuite centralisés dans une base de données appellée Remedy system (NDLR, système remède), qui permettait à la maison mère de repérer et suivre l' évolution des syndicats à travers le pays. 

L'enseigne aurait également mis sur pied la pratique dite de l'unit packing, observée dans l'un des magasins, visant à affaiblir la mobilisation collective en isolant les éléments pro-syndicats des autres employés ou en empêchant le vote aux élections syndicales. wal_mart_logo1

CLIMAT DE PEUR. Ces méthodes auraient installé un climat de "peur" parmi les employés. "Beaucoup de travailleurs craignent que s'ils n'expriment ou ne font qu'écouter des arguments favorables aux syndicats, ils pourraient faire l'objet de représailles, même se faire licencier", selon HRW.

Ce climat de peur aurait empêché les employés de se mobiliser contre les nombreuses atteintes de l'enseigne au droit du travail. "Wal-mart est [...] le plus gros employeur privé des États-Unis, avec pratiquement 1,3 millions d'employés et près de 4 000 magasins sur le sol américain. Aucun de ces 1,3 millions d'employés n'est représenté au sein d'un syndicat. Ce n'est pas un hasard", note Human Rights Watch. Wal-Mart est, en effet, régulièrement traînée en justice pour dépassements de temps de travail, non paiement d'heures supplémentaires, discrimination contre les femmes et les personnes handicapées. Pour la plupart, ces recours n'ont toujours pas donné de résultats, constate HRW.

La constatation de ces manquements aurait, par ailleurs, entraîné, en 2006, le retrait du gouvernement norvégien de l'actionnariat de l'enseigne. En effet, le Conseil d'éthique norvégien faisait état dans une recommandation de novembre 2005 de "violations sérieuses et systématiques des droits de l'Homme [au sein des établissements Wal-Mart à travers le monde] comme le meurtre, la restriction de libertés, le travail forcé, les pires formes de travail et d'exploitation d'enfants".

SILENCE. Pour l'heure, la direction de Wal-mart n'a pas réagi à la publication du rapport de HRW. Sur la page internet réservée à la presse, une dépêche datée du 26 avril 2007 rappelle que Wal-Mart a été distinguée par l'armée du Salut pour son "excellence en philanthropie d'entreprise"...

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