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Le retour de Tocqueville
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26 octobre 2007

DEUX COQS CHEZ LES AIGLES

La Coupe du Monde terminée, les Français de New York se réconcilient avec le terrain. Le récit de deux d'entre eux fraîchement arrivés en territoire Eagles, l'équipe américaine de Rugby...

« Partout ou je suis allé, j’ai joué au rugby, raconte Thomas Chevallier, arrive à New York en août dernier pour un VIE à la Société Générale. A 27 ans, il a déjà planté ses crampons de rugbyman amateur dans les pelouses yvelinoises de Montesson et d’Houilles, avant de jouer à Reims et en Angleterre dans le cadre des études en école de commerce.

Aujourd’hui, handicapé par la rupture du tendon supérieur de son petit doigt, il ne pourra participer au prochain match de son nouveau club, le New York Rugby Club (NYRC): « Le docteur m’a dit que j’en aurais encore pour un mois et demi », dit-il en regardant son atèle un peu désabusé, assis dans les tribunes.

Pendant ce temps-la, l’autre coq gaulois du NYRC, David Levaï fait des sprints, un ballon oval à la main, au milieu de ses coéquipiers. Désormais diplômé de Columbia et « boosté par l’effet Coupe du Monde », ce Parisien de 28 ans a décidé de rechausser les crampons, cinq ans après son dernier tournoi universitaire : « Quand je suis arrivé, j’ai eu le droit au petit surnom de « Frenchie », se souvient David, qui s’est inscrit en septembre dernier. L’intégration s’est très bien passée. L’ambiance est très sympa ».

Deux fois par semaine, les deux Français se retrouvent pour l’entraînement sur le terrain synthétique du Pier 40 Courtyard Field, dans l’Est de Manhattan, avec une trentaine d’autres joueurs. Avec quelques matches dans les pattes et surtout une dose d'entraînements, ils se sont rapidement adaptes a un jeu plus physique que ce qu'il ne connaissait jusqu'à présent: « Ils sont plus costauds qu’en France  mais techniquement, le jeu n’est pas aussi fin, observe Thomas, qui joue 3ème ligne. Les sorties de balles sont moins nettes. Le jeu moins propre. C'est un peu le rugby que l'on jouait il y a dix-quinze ans en France ! ».

"UN GÉANT QUI SE RÉVEILLE". David et Thomas sont surtout les observateurs privilégies du développement du rugby aux États-Unis. Au NYRC, le nombre d'inscrit a double en cinq ans en particulier a la suite de la création d'une section -19 ans, affirme David Levine, Président du club. Le NYRC compte désormais 200 joueurs, ce qui en fait l'un des clubs les plus courus du pays.

Au niveau national, le nombre de licencies augmente en moyenne de 30% par an depuis trois ans, atteignant aujourd'hui 250 000, selon USA Rugby, la Fédération américaine.

Celle-ci s’est récemment engagée dans un plan de restructuration interne dont l’objectif est de doter, a terme, chaque État américain d’un « centre de performance » pour « décharger les clubs de la paperasserie administrative et leur permettre ainsi de mieux promouvoir le rugby », selon Katie Wurst, responsable du développement du Rugby a la Fédération.

A New York, depuis 2003, Play Rugby USA, un organisme partenaire de USA Rugby, a ouvert des programmes after schools dans 40 lycées des cinq boroughs – dont le Lycée Français. Le nombre de lycées proposant ce types de programmes a été multiplié par 5 sur les 18 derniers mois, souligne Mark Griffin, Président de Play Rugby USA, n’hésitant pas a qualifier le rugby de « géant qui se réveille » aux États-Unis.

"LE RUGBY NE PERCERA JAMAIS". Mais il reste beaucoup a faire pour atteindre la Terre promise a en croire nos deux Français : « Quand j’ai voulu acheter mon équipement, j’ai fait plusieurs magasins de sport sans rien trouver pour le rugby, explique David. J’ai finalement acheté des chaussures de football américain », dit-il montrant la semelle de ses chaussures. 

Thomas, lui, est plus catégorique: « Le rugby ne percera pas aux États-Unis. C’est culturel. C’est comme pour le base ball en France, affirme-t-il. Il y a déjà trop de sports physiques populaires aux États-Unis. Il n’y a pas de place pour le rugby». « A New York ça marche parce qu’il y a des expats. En dehors, c’est plus difficile », renchérit David.

A l’entraînement de l’équipe masculine, dirigée par un Sud-Africain, nos Frenchies côtoient ainsi des Néo Zélandais, des Anglais, des Argentins voire même des Russes, souvent aux États-Unis de façon temporaire.

« Dans notre équipe, on a des jeunes qui font du rugby soit parce qu’ils n’avaient pas les notes pour aller au college pour faire du football américain, soit parce qu’ils n’en avaient pas les moyens », souligne Thomas. « Comme pour le football, l’avenir du rugby aux États-Unis passera par les filles », ajoute-t-il, en regardant le quart de terrain ou s’entraîne l’équipe féminine, championne nationale de Division 1 en 2006.

Signe encourageant : le rugby féminin de Division 1 a obtenu en 2002 le statut de sport émergent, les division 2 et 3 en 2004. Ce qui signifie concrètement un accès plus facile aux infrastructures sportives et des bourses plus conséquentes pour les sportifs. Aux États-Unis, 47% des licenciés sont des femmes.

Picture_237Ci-contre: David Levai et Thomas Chevallier

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