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Le retour de Tocqueville
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4 août 2007

LE RÊVE AMERICAIN CONTINUE... MAIS POUR COMBIEN DE TEMPS?

Le Pew Charitable Trusts publie un rapport laudatif sur la mobilité sociale aux Etats-Unis, tout en mettant en garde contre une possible panne de l'ascenseur social.

Près d'un million d'immigrés légaux tous les ans depuis le début des années 90, 500 000 clandestins... deux siècles après l'arrivée de la première vague massive d'immigration, le rêve américain fonctionne toujours, selon un rapport du think tank indépendant Pew Charitable Trusts intitulé Economic Mobility of Immigrants in the United States. "Compte-tenu des faibles revenus que ces immigrés auraient perçus dans leur pays d'origine, c'est une réussite remarquable pour les États-Unis que de leur offrir autant de possibilités pour améliorer leur niveau de vie", note le rapport. Mais, pour son auteur, ce constat doit aussi être nuancé : "[...] L'hétérogénéité croissante des profils éducatifs et économiques des arrivants soulève des questions importantes quant à l'intégration et la réussite des immigrés dans l'Amérique d'aujourd'hui".

Le rapport souligne l'importance de l'éducation dans la détermination du salaire et de la position sociale des enfants d'immigrés.  L'accroissement ces vingt dernières années de l'immigration en provenance d'Asie, des Caraïbes et d'Amérique latine a aboutit à une situation "complexe": "Tandis qu'un tiers des immigrés récents ne sont même pas diplômés du secondaire [30,7% sur la période 2000-2004, NDLR], plus de 10% ont un diplôme du supérieur [12,1% sur la même période, NDLR]. La communauté latino-américaine serait la moins qualifiée a contrario des ressortissants asiatiques et européens.

Si le travailleur immigré de la seconde génération continue à gagner plus que le travailleur non-immigré - ce qui peut laisser penser à l'efficacité du modèle d'intégration américain -, l'écart s'est considérablement réduit sur les 25 dernières années, de 17,8% à 6,3%. "Si le déclin des salaires se prolonge pour la seconde génération et celles qui suivent, les difficultés économiques persisteront et l'intégration dans la société américaine sera plus difficile". D'ici 2030, le travailleur immigré pourrait gagner moins que le travailleur non-immigré, selon le rapport.

Ce déclin ne serait pas important si les générations futures n'étaient pas affectées par la situation de leurs parents. Or, le rapport du Pew montre qu'il existe aux États-Unis un "fort" niveau de corrélation entre générations, quelque soit le groupe national étudié: "Les familles d'immigrés transmettent à leurs enfants à peu près le même degré d'avantages ou de désavantages économiques que les familles de non-immigrés [...] Ainsi, 40% des différences de salaires persistent entre la première et la deuxième génération d'immigrés".

Si ces différences sont atténuées par la réussite académique et donc le niveau d'étude, l'augmentation du nombre d'immigrés pas ou peu qualifiés constitue un frein à l'ascension sociale de leurs enfants. "Les enfants d'immigrés peu qualifiés et faiblement rémunérés devront sans doute grimper une pente très rude pour atteindre la parité économique avec les non-immigrés".

La publication de ce rapport intervient dans un contextelatinos de doute sur la réalité de l'ascension sociale aux États-Unis, un pays dont l'identité a en partie été forgée par la force de ses mythes, dont celui du self made man et du rêve américain. Des mythes malmenés par la naissance ou le renforcement d'un sentiment de non-reconnaissance au sein de certaines communautés, notamment chez les latinos, qui ont investi les secteurs clés de l'économie américaine (bâtiment, restauration, transports...). Comme en témoignent les grandes manifestations d'avril 2006 (ci-contre) contre le vote d'un projet de loi par le Congrès criminalisant les immigrés illégaux et ceux qui leur accordaient des aides humanitaires, et prévoyant la construction d'une palissade le long d'un tiers de la frontière mexicaine.

Dans son estimation de 2006, le US Census Bureau dénombrait, sur un total estimé à 299 millions d'habitants, plus de 198 millions de Blancs dits "Caucasiens", 44 millions de latino-Américains, 37 millions de Noirs, 12 millions d'Asiatiques, 6 millions d'Amérindiens, Hawaïens et autres.

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