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Le retour de Tocqueville
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24 janvier 2006

BU EST-ELLE "GAY FRIENDLY" ?

La question peut paraitre deplacee tant la ville de Boston est reputee pour etre socialement et economiquement liberale. Boston est par ailleurs la capitale du Massachussetts, le seul Etat americain, pour l'heure, a reconnaitre le mariage entre personnes de meme sexe. Le Massachusetts espere devenir un jour le point de depart d'un mouvement qui emportera toute la nation.

Dans les faits pourtant, plusieurs gays m'ont confirme qu'ils "ne se promenerait pas main dans la main en ville" par peur du regard des autres. "La ville de Boston en elle-meme est conservatrice. Ce sont les gens qui viennent de l'exterieur qui font qu'elle est liberale" explique un etudiant de 5eme annee.

A BU, l'administration presidee jusqu'a l'an dernier par John Silber (ci-dessous), un manchot vieillissant et autoritaire, a mene une politique particulierement conservatrice marquee notamment par la suppression d'associations gay et lesbienne- la Gay-Straight Alliance0418a1c en 2001 par exemple - ou par le refus du principe de non-discrimiation sur la base de l'orientation sexuelle dans les procedures d'admission. Un principe sur lequel est revenue l'actuelle administration, presidee depuis septembre dernier par Robert Brown. Tous s'accordent a dire que Silber, bien que possedant toujours un siege au conseil d'administration de l'universite, est hors-jeu.                                                         ci-contre: John Silber, ancien president de BU

Une communaute invisible

Yves cherche desesperement l'ame soeur. Pour ce gay de 27 ans arrive a BU en septembre, la tache n'a jamais ete aussi ardue. "C'est dur de rencontrer des gays sur le campus" se plaint-il "ils sont bien caches!" Et pourtant... BU renferme une importante communaute gay et lesbienne, estimee a pres du tiers du corps etudiant. Comment expliquer que cette communaute si importante soit invisible?

Ce paradoxe s'explique de plusieurs facons. Premierement, les gays se montrent relativement peu. La communaute gay et lesbienne s'organise en reseau avec ses codes et ses pratiques. Pour l'un d'entre eux, le milieu homosexuel de BU fonctionne en vase clos. "Les ragots sont nombreux, on sait qui couche avec qui..." Les soirees privees ou les sites de rencontres - comme Planet Romeo - restent les lieux privilegies pour rentrer en contact avec l'ame soeur. Le Facebook (voir message du 23/10) est devenu un moyen incontournable pour rencontrer des etudiants aux memes orientations sexuelles.

Ensuite, il existe certes une association gay et lesbienne sur le campus, Spectrum, mais celle-ci n'est pas très active comparee celles d'autres universites - a Harvard, des evenements sont organises toutes les semaines et font l'objet d'une publicite abondante au sein des differentes residences du campus. Le telephone de Spectrum, comme leur bureau, sonne dans le vide.

Par ailleurs, beaucoup de gays refusent d'y adherer par peur d'etre catologues. C'est le cas de celui-ci: "Je n'ai pas envie de revendiquer ma sexualite... je ne fais pas de militantisme gay" se justifie-t-il.

La communaute gay, coupable de l'absence de lieux de rencontre

gay_flagEnfin, pour certains gays, l'absence de lieux de rencontre ne vient pas de l'inactivite du corps associatif ou du desengagement de l'administration mais bel-et-bien de la communaute gay elle-meme. Pour Billy, un etudiant gay de 4eme annee, "la priorite des gays n'est pas d'avoir un lieu de rencontre pour discuter","il ne veulent que coucher". Il pense egalement que l'association gay et lesbienne Spectrum est utilisee par une majorite de ses adherents comme "un moyen de reperer qui est gay" pour ensuite mieux faire des galipettes.

Beaucoup d'etudiants gays partagent cet avis. "Les annees de college [NDLR: universite] sont faites pour s'amuser" dit l'un "ll faut se mettre a la place d'un gay qui a habite dans une petite ville, rurale, dans laquelle il ne pouvait pas s'assumer, et qui arrive enfin a Boston dans une universite avec une importante communaute gay... Tout ce qu'il voudra faire, c'est coucher!".

Meme si, de toute evidence, aucun gay ne craint d'assumer ses penchants aupres de ses camarades ou de l'administration, certains ne comprennent pas pourquoi, a la difference de l'universite de Stanford en Californie, BU refuse toujours de mettre en avant son importante communaute homosexuelle dans sa promotion aupres de futurs etudiants. "En tant que gay, je sais que ca m'aurait rassure de savoir si l'universite dans laquelle je m'inscrivais avait une communaute gay" pense l'un. Faut-il y voir les dernieres convulsions d'un conservatisme qui a domine l'histoire de l'universite ces deux dernieres decennies ?

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