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Le retour de Tocqueville
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14 septembre 2005

PREMIER CONTACT AVEC LE SYSTEME EDUCATIF AMERICAIN

L'information a été annoncée il y a une semaine par l'administration de Boston University: l'an prochain, les étudiants - ou leurs parents - devront débourser la coquette somme de 43 000 dollars pour suivre leur scolarité ici, une somme en hausse de 5,9% par rapport à cette année.

L'administration justifie cette hausse par le financement de nouvelles infrastructures comme le Fitness and Recreation Center, le centre sportif de l'université.

Censés former l'élite, les colleges américains dispensent une formation de qualité dont le prix, tristement, ne la met qu'à la portée des couches les plus aisées de la population.

LOGIQUE QUALITATIVE

Les États-Unis, contrairement à la plupart des systèmes éducatifs européens, misent sur une logique qualitative qui repose, notamment, sur un suivi personnalisé de l'étudiant.

La France poursuit depuis la fin de la seconde guerre mondiale une logique quantitative dans laquelle il s'agit d'intégrer le plus d'étudiants possibles, parfois au détriment des étudiants eux-mêmes.

Ici, ces derniers se voient, par exemple, accorder une période de trois semaines pendant laquelle ils sont libres d'ajouter ou retirer des cours: c'est le système du Add and Drop. Chaque étudiant trouve ainsi un cours dont le niveau, le professeur et la charge de travail lui conviennent.

Les cours en petits groupes - ils sont généralement composés d'une quinzaine d'étudiants - permettent une participation orale de tous et une progression plus rapide du groupe.

Ensuite, la relation étudiant-professeur est beaucoup moins formelle qu'en Europe. En France, beaucoup de professeurs donnent l'impression de ne jamais descendre de leur estrade, même en dehors des cours. Ici, les professeurs tiennent des heures de permanence - ou  office hours -, en dehors des heures de cours, pendant lesquels ils recoivent leurs étudiants pour répondre à leurs questions. 

De même, chaque étudiant est suivi par un conseiller qui l'aide dans ses choix d'orientation. 

amphi

                                                                             Le bon vieux cours magistral

Enfin, les liens entre le monde de l'entreprise et l'université sont beaucoup plus étroits qu'en France.

Chaque cours de journalisme, par exemple, commence par une lecture d'une liste d'offres de stage et d'emploi.

A BU, des programmes aux États-Unis ou à l'étranger sont créés tous les ans pour permettre aux étudiants d'acquérir une expérience professionnelle solide avant de rentrer pleinement sur le marche de l'emploi.

EFFETS PERVERS

Un récent classement du supplément "Higher Education" du journal anglais Times a placé Boston University au 21eme rang américain et au 54eme rang mondial pour la qualité de sa formation, devant de prestigieuses universités françaises comme la grande école Sciences po.

Sur place, de nombreux étudiants internationaux se plaignent pourtant du faible niveau d'exigence des cours d'undergrad', les cinq années précédant l'obtention du diplôme, et affirment recevoir une moins bonne formation que dans leur pays d'origine.

"Ce que je fais ici est très facile," dit Caroline, étudiante française en économie. "Je n'ai pas l'impression d'apprendre grand chose."

Puis, en plus d'être socialement injuste pour des raisons évidentes, un tel système, qui brasse des millions tous les ans, transforme implicitement l'université en entreprise, les professeurs en prestataires de service et surtout, les étudiants en de vulgaires clients ne pouvant être sanctionnés.

Dans ce cadre, comment l'étudiant peut-il avoir conscience de son niveau réel? "J'ai un ami qui ne peut pas avoir en dessous d'un B+ [14/20] dans un de ses cours," confie Kerri, une étudiante de deuxième année. "Ça ne l'incite pas a travailler," dit-elle.

A l'inverse, d'autres se plaignent d'avoir des notes trop basses.

Une pratique extrêmement controversée, BU est, en effet, régulièrement accusée de pratiquer une politique officieuse de grade deflation, selon laquelle les professeurs accorderaient un nombre important de "C" et de "D" pour valoriser les "A" - l'appréciation la plus élevée - et ainsi valoriser le diplôme de BU dans un univers très concurrentiel.

Beaucoup d'étudiants s'estiment lésés par cette pratique, et craignent d'etre handicapés lorsqu'ils postuleront à des programmes post-diplôme.

Enfin, les syndicats d'étudiants n'existent pas sur le campus. Pas plus que le poste de délégué-étudiant. Les associations constituent le seul canal d'expression du corps étudiant dans cet univers, confortable, peu coutumier de la violence traditionnelle inhérente à la lutte collective. 


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