COMMENT DIRE BONJOUR ?
S'il est bien un geste incontournable pour quiconque ne vit pas reclus, c'est la manière de dire "bonjour". Or, il s'avère que la façon de saluer varie avec les cultures.
Aux États-Unis, les garçons ne se serrent pas la main. Ou rarement du moins. Ils optent davantage soit pour un check, soit pour un what's up furtif qui désarçonne les étrangers. En effet, Pierre, étudiant français de première année, avoue ne "pas savoir quoi répondre" à un what's up bien placé. Pour Sean, originaire de l'Etat de New York, il suffit de répondre what's up aussi. Imaginez la scène...
ci-contre: Georges W. Bush sert la main de son adversaire démocrate John Kerry lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2004
Le défi du hug
La manière la plus commune de saluer une Américaine que l'on connaît bien consiste en un hug, c'est-à-dire un enlacement d'une durée de quelques secondes.
Le hug est pour le débutant assez difficile à maîtriser - d'autant plus si celui-ci n'est pas tactile. Tout d'abord, il faut pouvoir partir du bon côté sous peine d'assommer l'autre. Ensuite, il faut savoir que, contrairement à la bise ou au serrement de main, le hug est atemporel. Il n'est pas délimitable dans le temps. Il dure jusqu'à ce que les deux participants se mettent implicitement d'accord pour le terminer, sachant qu'il doit assez long pour qu'il soit perçu comme poli et en même temps assez court car il risquerait de paraître indécent. Contrôle, sang froid et chaleur sont les ingrédients d'un bon hug.
Des variantes du hug existent. Ainsi, lorsqu'Ann-Marie "hug" un Français, elle lui claque une bise sur chaque joue. Cela permet sans doute de conjuguer chaleur du hug et délimitation temporelle de la bise. Plus largement, cela permet de réaliser un compromis entre les cultures.
ci-contre: le hug de deux joueuses de football américain (woman football association)
Espace personnel réduit
Il semble cependant il y avoir un paradoxe entre la froideur du premier salut et la chaleur du hug. Deux inconnus, même s'ils sont de sexes opposés, se salueront toujours en se serrant froidement la main en conservant une certaine distance physique ou ne ferront rien. Cette distance physique minimale entre les individus - ou espace personnel - est indéniablement plus grande qu'en Europe. La question serait dès lors de savoir si les Américains sont davantage chaleureux comme leur hug ou, au contraire, distants -voire méfiants- comme lors de la première rencontre.