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Le retour de Tocqueville
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28 septembre 2005

VOUS PARLEZ BIEN DE MON PAYS ?

Boston est une ville traditionnellement francophile. Sa localisation sur la côte Est lui donne une ouverture géographique sur l'Europe et la France en particulier. La communauté française de Boston est importante. Et implantée depuis des siècles comme en témoigne l'existence d'une biblitohèque française, la French cultural library, vieille de plus d'un siècle, et la magistrale Église de Copley, construite par un architecte français il y a plus de deux cent ans. Je n'oublie pas les restaurants français, vitrines culturelles.

Pour déterminer comment les Américains de Boston jugent mon pays, je me rends à la réunion de rentrée de la French Cultural Society de Boston University. Cette association connaît un "succès grandissant" m'a confié Claire, l'une des responsables de l'association. Toutes les semaines, ce cercle francophile se réunit dans le salon boisé de la Maison Française, autour d'un jambon-beurre et du vin -- même pour les moins de 21 ans --, pour parler "Francement".

COMMENT MON PAYS ET MES COMPATRIOTES SONT-ILS PERÇUS ? Après interrogation des étudiantes présentes sur place -- puisqu'il n'y avait pratiquement que des filles --, voici mes conclusions:

france1

Si l'on devait dresser un portrait robot du Français vu par l'Américain, cela donnerait, à peu de choses près, un homosexuel fumeur, plutôt charmeur bien que ne se douchant jamais, presque toujours en grève, ouvertement communiste, lâche et, bien évidemment, se déplaçant en Peugeot dans les rues de Paris avec son béret et sa baguette .

Pour sa part, la Française serait plutôt râleuse bien que très élégante, fumeuse et brune bien sûr.

Et puis, il y a Paris, ville lumière, capitale de l'amour et de l'Art, les cafés, la nourriture, l'accordéon, la joie de vivre, la philosophie et les débats. Paris et ses monuments, Paris et ses gens, Paris et ses serveurs peu disposés à parler l'anglais. "Vous parlez bien de mon pays là?", je leur demande en souriant.

ADMIRATION. "Pourquoi êtes-vous venus ici?" je lance en français à un groupe d'étudiantes, la réunion finie. "Je suis passionnée par la culture française", dit une autre. "Je veux améliorer mon français pour pouvoir étudier en France" dit une autre. "Je veux rencontrer un garçon français!", avoue une autre.

Pour la première fois, je prends conscience que mon pays est admiré. Dans sa totalité comme dans ses détails. Claire, par exemple, apprécie tout particulièrement la "bise". "Ça n'existe pas chez nous. C'est plus chaleureux que de simplement se serrer la main comme on fait ici", dit-elle en français. D'autres aiment l'art de vivre ou encore la franchise des Français par opposition à la superficialité des Américains. "J'aime bien dire 'vous'. C'est plus respectueux", m'explique l'une des étudiantes. Sur le plan politique, d'autres encore ont applaudi les prises de position de la France contre la guerre en Irak, en mars 2003.

Je me rends également compte que le Français impacte la vie de mes interlocuteurs au quotidien. Car la langue anglaise regorge de nombreux mots français, comme "résumé", "café", "vis-à-vis", "rendez-vous"... Nous sommes loin des préjugés de l'anglais tout-puissant contre le français régressant...

PUIS, LE DILEMME. Faut-il vivre, comme le font ses étudiants, dans une admiration béate? Ou comme nous le faisons, nous Français, prisonniers d'une conjoncture économique, politique et sociale morose, dans le Noir et la remise en cause permanente?

Car la France qui m'est décrite par ses étudiantes est celle de la Belle Époque. Une France insouciante, nonchalante, sûr d'elle et qui profite de la vie alors qu'elle s'apprête à basculer dans la première guerre mondiale. Depuis, il y a eu les deux guerres, le chômage de masse, la dure transition de ce pays à forte tradition socialiste à l'économie de marché et de nombreuses crises de confiance. Mais si ces étudiantes avaient raison? Si nous étions trop pessimistes? Peut-être que j'apprécie ce qui m'est décrit car cela me conforte dans un passé glorieux mais révolu. Suis-je moi-même prisonnier de ce regard noir?

Affaire à suivre...


Liens à écouter: "La Marseillaise" up_franceX.mp3

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Commentaires
G
salut<br /> hier j'etais a bosotn university, car la soeur de ma correspondante etudie la bas, c'est trop bien, les logements, le campus, le footnall americain... maintenant, j'ai qu'une envie, retourner la bas apres mon bac pour etudier a boston, qui est une belle ville, malgre le froid... bonne continuation si tu es encore la bas
Le retour de Tocqueville
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