THANKSGIVING (2/3) - La préparation du repas

Janet ne considère pas sa cuisine comme un sanctuaire. "Je n'ai jamais interdit à mes filles de cuisiner". Dont acte. Ici, tout le monde participe. Même Dan, le père, n'ayant pourtant pas de talents particuliers pour la cuisine, est mis à contribution... pour la vaisselle. En effet, si les Tarpley sont très bien équipes, ils n'ont toujours pas de lave-vaiselle. Il faut dire que Dan a dépensé l'argent qui devait y être investi dans l'achat d'une moto, et ce sans en prévenir sa femme. "Je ne lui ai pas pardonné" m'a dit Janet d'un air malicieux. Aujourd'hui, elle lui fait payer son egoisme!

Janet voit la cuisine comme une "condition de l'indépendance". C'est pour cela qu'elle a toujours encouragé ses filles à mettre la main a la pâte. Ce travail semble aujourd'hui avoir porté ses fruits: non seulement toutes cuisinent excellement, mais en plus Daniele veut en faire son métier. Elle vient d'ailleurs de finir une formation dans une ecole hotelière californienne.

Un repas gargantuesque

Le repas de Thanksgiving est impressionnant. Il se compose d'aliments divers et variés. L'aliment de base est bien sur la dinde et son stuffing de croutons secs, accompagnée traditionnellement de cranberry sauce. Le reste est laissé à l'appreciation du chef. Janet avait choisi de préparer des mashed patatoes, de la purée de potiron, des asperges enrobées de lardons fris, du pain au sésame avec des petits carrés de beurre.

Les filles ont préparé des tartes pour le dessert. "Je m'améliore d'année en année!" se félicite Caroline, la cadette de la famille, en goutant sa tarte aux cerises. De son côté, Daniele avait préparé une tarte à la rubarbe. Kathrin, une tarte à la pomme avec une goutte de rhum (ce qu'elle nie farouchement !).

La cuisine, plutôt spacieuse, avait l'air d'un désordre organisé. L'espace cuisine était utilisé à différentes fins. La table du centre de la salle servait à l'épluchage des, d'autres tables accollées au mur à la confection des tartes. Au milieu de ce joyeux tumulte, Janet reste maître à bord assignant les taches, contrôlant les quantités, gouttant les mixtures, expliquant sans jamais perdre patience, cherchant dans ses innombrables tiroirs épices et autres mets. "Tout doit être pret ce soir. Demain, je veux pouvoir simplement cuire les aliments" ordonne-t-elle à ses musiciens.

Vous l'avez compris, le repas de Thanksgiving est gargantuesque. Il faut dire qu'entre les voisins, la famille et les amis, une vingtaine de personnes est attendue. "Généralement, on mange les restes pendant tout le week-end et une partie de la semaine suivante" m'a dit Daniele. Un repas gargantuesque qui nécéssite pourtant une préparation minutieuse. Janet a fait une liste de tous les plats et de leur ordre d'arrivée sur la table. "L'an dernier, il m'est arrivé d'oublier des plats dans le four" s'est-elle justifiée. "En plus, avec l'âge...".

La main a la pâte

Peu habitué à cuisiner, je sens que j'ai appris beaucoup plus en deux jours chez les Tarpley qu'en deux ans de vie étudiante. Janet m'a confié l'épluchage des pommes de terre, des oignons, la préparation du stuffing et de la cranberry sauce. Malgré quelques problèmes au démarrage, je suis vite arrivé à une vitesse de croisière raisonnable.

C'est d'ailleurs en épluchant les pommes de terre que j'ai fait la connaissance de Iona, la tante de Kathrin et la soeur de Janet. Cette Colombienne au rire reconnaissable parmi mille est la mère d'un enfant de 4 ans nommé Christian. Ce dernier fait la fierté de la famille. En plus d'avoir l'esprit particulièrement vif pour son âge, Christian se distingue par sa curiosité. "Il fait déjà du taek wondo et veux commencer le piano" m'a dit Iona. "Je ne vois pas pourquoi je lui refuserais, il doit toucher à tout pour voir ce qu'il aime". On retrouve cette philosophie dans l'éducation de Kathrin et de ses soeurs.

Vers une heure du matin, la préparation du repas était pratiquement terminée. Je faisais la vaisselle lorsque, Anita, l'élève argentine en échange logeant chez les Tarpley, a mis un CD de Coldplay, un groupe qu'elle adore. Mon imagination s'est aussitôt mise à divaguer sur les airs irréels de cette musique si particulière. Rapidement, j'ai pris de la distance par rapport à mon environnement immédiat: j'étais à Bath dans le Maine et m'apprêtait comme des millions de foyers aux Etats-Unis à passer Thanksgiving en famile. Je vivais mon experience américaine a fond.

La musique de Coldplay continue d'emplir une cuisine redevenue calme. Dans quelques heures, les premiers invités arrivent. L'Amérique s'endort le coeur en fête.

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Liens à consulter: Musique > Coldplay