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Le retour de Tocqueville
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23 février 2006

SUR LA ROUTE DE D.C (1/3)

SOUTH STATION, Boston, MA. 6:30. La gare de South Station se reveille a peine que le train a destination de Washington D.C s'apprete a s'elancer furieusement sur les kilometres de rail qui separent Boston de la capitale. Dans 7 heures 50 minutes, il entrera en gare d'Union Station a Washington D.C, a l'autre extremite de la ligne.

Les moteurs ronronnent. Dans quelques instants, la bete se reveillera et, dans un puissant bruit de cliquetis, se mettra en mouvement. Lentement... puis fendra l'air, traversant des lieux de vie et de mort, dans cette Amerique qui dort encore.

Il fait froid sur le quai. Tout le monde se restaure avant d'etre eux-meme avales par le train. La peau metallique de celui-ci luit pourtant deja au soleil levant.

Mon train appartient a une flotte de vingt Acela flambant neufs qui sillonnent 46 Etats pour le compte de la compagnie ferroviaire Amtrack. Creee en mai 1971, cette compagnie publique dispose aujourd'hui d'un reseau de plus de 50 000 kilometres de rails, reliant plus de 500 communautes a travers le pays et employant quelques 19 000 personnes. En 2004, ce monstre du rail a englouti quelques 25 millions de passagers, un record pour la compagnie.

Ce samedi matin, j'en faisais partie.

Le train est spacieux. Plus larges que nos TGV, l'Acela offre un confort appreciable. J'etire mes pieds et allonge mon siege sans craindre d'heurter mon voisin de derriere. L'interieur est gris plastique, les sieges bleus tachetes de bleu. Seule la pancarte de sortie rouge met un peu de vie dans ce decorum quelque peu austere. Chaque passager dispose d'une prise de 120 volts pour alimenter son ordinateur portable ou son chargeur de telephone.

6:40. Le train s'elance. Les passagers bataillent avec le sommeil. Mon voisin de gauche, un jeune bostonien, a deja perdu le combat. Il place sa casquette des Red Sox - l'equipe de base-ball de Boston -sur ses yeux et se laisse entrainer par Morphee. Un autre, vetu d'une chemise a rayures et d'une cravate rouge, pianote sur son ordinateur portable, l' i-pod visse aux oreilles. Le wagon est silencieux, peu rempli. Seuls les rires de quatre asiatiques assis quelques sieges devant moi et le bruit du ventilateur brisent ponctuellement la chape de plomb.

Soudain le controleur surgit et prend nos billets. Il porte d'un uniforme gris comme l'interieur du train, un kepi de la meme couleur et une chemise blanche faisant apparaitre le logo d'Amtrack. Pour eviter que l'operation ne se repete apres chaque arret, il place un ticket rose au-dessus de mon siege indiquant ma destination par un poincon dans la case "WDC" pour "Washinton D.C."

En effet, en huit heures de trajet - soit la duree approximative d'un vol Boston-Paris -, le train s'arrete une dizaine de fois. Back Bay, New Haven, Bridgeport, Stamford, New York, Philadelphie, Baltimore et enfin D.C. Amtrack, repute pour son service du Nord Est du pays, unifie la region.

Le train se remplit rapidement. Une voix metallique nous exhorte a faire de la place car le train sera plein en ce week-end prolonge de President's Day. Aux Etats-Unis, les passagers n'ont pas de sieges attribues. Ainsi, il est frequent d'acheter un billet mais de faire le trajet debout ou accoude au wagon-bar. Des familles entieres pouvaient etre vues en ce samedi faisant des aller-retours dans le train pour trouver des places libres. Certains sont debordes et cedent a l'enervement. Comme cette dame voyageant avec ces deux enfants en bas-age et des bagages visiblement pesants.

La vie reprend le dessus dans la rame au fur-et-a-mesure que le train prend de la vitesse. Les estomacs vides se trainent jusqu'au wagon-bar qui ne desemplit pas depuis quelques minutes. Ils en reviennent avec un plateau en carton sur lequel sont poses des sodas et des sandwiches.

Vers midi, nous arrivons pres de la fameuse Penn Station de New York. Beaucoup se levent pour apercevoir les gigantesques skycrapers qui dominent la Big Apple. Le train arrive droit sur New York avant d'entamer un virage et de longer la banlieue, pour mieux plonger sur la ville par la suite.

Les paysages defilent mais les images restent. New York derriere nous, nous traversons le site d'une usine desaffectee. Les vehicules, laisses a l'abandon, rouillent dans le froid. Nous traversons des villages si typiquement americains, avec leurs maisons en bois de couleur, leurs drapeaux au vent et leur linge sechant au dehors en depit des temperatures. Nous longeons egalement des lacs paisibles ou des autoroutes polluees, des silos a grain plantes au milieu de champs dores. Le Nord-Est americain en accelere.

A 2 heures de l'apres-midi, le train ralentit. Les telephones portables sont sortis pour informer la famille, les amis d'une arrivee imminente a Washington D.C. Le train s'arrete. Je suis dans la capitale. item1322_1                                                                              

                                                           ci-contre: Amtrack dans le Grand Canyon

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