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Le retour de Tocqueville
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7 décembre 2005

BOSTON, VILLE FRUSTREE ?

"Boston est une ville morte au-delà de 23 heures". Par cette affirmation, Esther exprime un sentiment partagé par de nombreux étudiants.

Une ville pleine de réstrictions

Vivre a Boston, c'est apprendre a supporter de nombreuses réstrictions. A 23 heures, tous les restaurants et bars ferment. A deux heures du matin, c'est au tour des clubbeurs de prendre le chemin de la sortie. "En Turquie, je reste en boîte jusqu'à 5 - 6 heures du matin. Ici, à 2 heures, tout est fini" se plaint Burcin, une  etudiante turque.

En réalite, pour beaucoup d'étudiants, la soirée se termine aux alentours de 00 h 30, heure du dernier "T". no_access

A Boston, les bars comme les boîtes se regroupent en différentes catégories: les 18 +, 19+ et 21 +. Quiconque souhaitant y entrer doit montrer pattes blanches, en l'occurence un passeport ou carte d'identité valides pour les étudiants étrangers ou un permis de conduire pour les étudiants américains.

Imaginez au passage l'anxiété de l'étudiant international devant apporter son passeport en boîte de nuit! Toute sortie fait donc l'objet d'une préparation pour quiconque n'est pas familier avec la réglementation en vigeur dans la boîte ou le bar dans lequels il souhaite se rendre.

La réglementation est appliquée a la lettre. Il est ainsi arrivé a Caroline, 20 ans, de se voir refuser l'entrée dans une boîte 21 + à une semaine de son anniversaire. "C'est dégueulasse" se plaint-elle.

Scènes vécues dans les restaurants de Boston

Jeudi dernier au restaurant Cheers, immortalisé par la série américaine du meme nom. En parcourant le menu, j'etais frappé de voir écrit au bas de celui-ci, en petits caractères, que "le personnel se réservait le droit de [nous] demander de libérer la table au bout de 90 minutes". Mieux vaut ne pas oublier son chronomètre!

Il y a deux semaines a la pizzeria Bertucci avec Yves et mon ami allemand Chris. L'addition -et c'est systématique- nous est apportée sans que nous la demandions, contrairement a ce qui se fait en Europe. Nous refusons de payer immédiatement pour profiter du temps devant nous pour discuter. Nous commétions là serveusesans le savoir un acte de résistance. La serveuse, une grande Américaine d'environ 50 ans toute de noir vétue, malgré un sourire resplendissant, est revenue trois fois a la charge vérifiant si nous avions payé, pour nous faire comprendre sans le dire qu''il fallait que nous réglions la note le plus rapidement possible. Pression.

Pour Yves, "si on reste, on risquerait d'empécher un client prêt a dépenser plus de dépenser plus". La logique de productivité serait donc latente dans ce lieu de convivialité et de socialisation, par essence non-marchande, qu'est le restaurant. "C'est vraiment frustrant de ne pas pouvoir rester pour parler un peu après le repas" renchérit Yves soulignant par-la sans le vouloir une différence de conception du "restaurant" vu par les Americains comme un simple lieu pour se restaurer, vu par les Européens plutôt comme un lieu de discussion et de plaisir.   

Cela renvoie plus largement a une conception du temps différente de part et d'autre de l'Atlantique ainsi qu'a une tradition de debat plus marquee en Europe -on aime bien discuter de la marche du monde autour d'un verre.

Un frein a l'épanouissement de la ville

"Je n'aime pas Boston". Georgina, une Francaise habituée à l'animation des nuits parisiennes, est catégorique. Sans doute ce sentiment n'est-il pas étranger a toutes ces réstrictions.

Pour Nabil, un autre étudiant de Sciences po en échange à New York mais fréquemment en visite à Boston, elles empêchent l'épanousisement de la ville. "Boston est une belle ville. Elle a un énorme potentiel. C'est dommage" dit-il en somme. site_foule_20soir_small1

En effet, avec plusieurs dizaines d'universités ou d'écoles, une très forte communauté étudiante, comment comprendre que la législation, qu'elle concerne l'alcool (voir message du 19/11) ou les horaires d'ouverture des bars, restaurants ou autres boîtes de nuit, ne soit pas plus flexible?  Beaucoup d'étudiants se posent la question. Parmi eux, des internationaux mais aussi de jeunes Americains. Peut-être pour poser des verrous à une jeunesse que beaucoup de conservateurs - et ils sont plus nombreux qu'on ne le pense dans cette ville reputée libérale - voient comme un danger.


Lien à consulter: Le restaurant Cheers http://www.cheersboston.com/

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